More proof that the neoconservatives are right, all the world envies the United States and wants to be just like us, but needs a little help - a nudge now and then.  They may not have the concept exactly right, but....

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World Briefing: Europe
The New York Times, Published: February 7, 2004

FRANCE: STELLAR SHOWING

The Michelin Red Guide added three restaurants to the much-coveted three-star category: L'Espérance and La Côte Saint Jacques, both in Burgundy, and Les Loges de L'Aubergade in the southwest join 24 other restaurants on the list.  One specialty of Les Loges is a foie gras hamburger with a cèpe mushroom-based catsup called "Ketcèpes," a name Michel Trama, its chef, has trademarked.  The suicide last year of Bernard Loiseau, chef of the three-starred La Côte d'Or, drew attention to the high-pressure struggle to achieve and retain top ratings.

- Helene Fouquet (NYT)

What more is there to say?

RFI in their daily summary of the French press did, on Tuesday point out that there are differences: 

And then there's Janet Jackson's breast, briefly seen by millions of television viewers during last Sunday's Super Bowl half-time show.  LE MONDE compares American prudishness in the matter of female chests with French flair and flamboyance.  The writer reminds us that Marianne, the very symbol of France, is never seen with a stitch on her top half, and nobody bats an eyelid.  Unclad ladies have inspired some of the greatest works of art ever painted, and, let it be added in fairness, some of the lowest pornographic publications ever committed to print.

See below for the French item in French.

But as for the French wanting to be just like us?  That's really working!

Popular AUJOURD'HUI EN FRANCE draws attention to the plight of those French men and women who live beyond their means, borrowing to buy things they probably don't need and certainly can't afford.  As many as six million people are reckoned to be affected by living out of their financial depth, the figures for poverty due to excessive borrowing having increased by 140% over the past decade.  The government is considering the introduction of a form of civil bankruptcy to stem the tide.

And elsewhere AFP reports on the new film "Blueberry" - a French attempt at a real, honest to goodness WESTERN!  It opened in Paris this week.  Probably as authentic as Puccini's "Girl of the Golden West" - remember that? - grubby gold prospectors in California in 1849 singing their hearts out in Italian.  Actually "Blueberry" is in English.

You can read the AFP article here: 

"Blueberry", by Dutch-born director Jan Kounen and starring French actor Vincent Cassel, aims to add Gallic polish to a tale of cowboys, Indians, six-shooters, saloons and a haunted gold mine.  ... The "Blueberry" series, originally started in 1965 by a Belgian, Jean-Michel Charlier, continues today under the hand of Jean Giraud, a French artist better known under the pseudonym "Moebius" who, among other things, designed Ridley Scott's "Alien". ... The stories of the enigmatic cowboy, sketched in cinematic fashion, have a strong following in France, where Western movies have long been adopted by cinema-mad generations for their mythological sweep and focus on strong characters. ... "In my opinion, Westerns aren't typically American, they belong to everyone," said Giraud, who helped develop the film.

You get the idea.

Ric Erickson, editor of MetropoleParis, sent along his comments on the film.

Why do these accounts mention that 'Blueberry' the movie is not merely a 'western,' but a transcendental experience - somewhat like a wild acid trip.  At least this is my impression gathered from the clips from the film shown on France-2 TV-news tonight.  I mean, if Moebius has had anything to do with it, it isn't going to be exactly like "Gunsmoke."  More like "The Good, Bad and the Ugly" on crank.  Whadda we going to call it?  A Garlic Western?

And the next day he added this:

When I wrote the above last night, my first thought was the movie 'Silverado.'  But, I thought, nah! - Whoever heard of it?  So I clipped 'Silverado' out and typed in 'Gunsmoke.'

Meanwhile 'Blueberry' is being panned here as 'not a classic western.'

Well, I guess it wasn't John Ford stuff.  Not American enough?

Perhaps we shall never get along with the French.  They long for the "real west" while French restaurants all over America are jammed this Valentine's Day holiday weekend with American couples pretending they're having a romantic dinner in Paris.  Yeah, sure.

To any Frenchman longing for the real west - spend a few hours in Barstow sipping bad coffee at one of the truck stops and listen in on the talk about this and that all around you, while looking out the window at the dumpster.  And to any American who is looking for the real France?  Spend an hour in Monoprix on Rue des Rennes, next door to the GAP store, and check out the discounts on cheap socks - or ride the metro late in the afternoon with just ordinary folks and read the graffiti on the walls at each stop.

The old west?  Romantic Paris?  Yeah, right.

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The Janet Jackson item:

ANALYSE

Scandale autour d'un sein ostensible

LE MONDE | 09.02.04

Il a suffi que le chanteur Justin Timberlake dévoile sur scène le sein de la chanteuse Janet Jackson devant une centaine de millions de téléspectateurs pour que les Etats-Unis s'indignent. Le duo s'exhibait le 1er février au cours d'un intermède dans le cadre du championnat national de football américain.

Le chanteur, d'un geste rapide, a arraché une pièce amovible de la tunique en cuir de Janet Jackson. L'objet du scandale apparut... une fraction de seconde. Un sein noir américain, orné d'un piercing en forme d'étoile, probablement en hommage à la bannière américaine. Un sein du plus bel effet. Un sein propre à déstabiliser une nation entière, contraignant les deux saltimbanques à faire acte de contrition et le puissant réseau télévisé CBS à présenter ses excuses. Pudeur ou pudibonderie ?

Pour un sein ! De ce côté de l'Atlantique, nulle frayeur. Le sein, qu'il soit virginal, maternel, érotique, voire historique, est accepté et intégré. Il appartient au patrimoine national. Il ne viendrait à l'idée de personne, sauf quelque Tartuffe, de vouloir recouvrir le décolleté d'une Marianne de plâtre ou de demander au magazine Elle de faire amende honorable après sa "une" avec Emmanuelle Béart. Ici, le sein est presque toujours porteur d'un message universel : celui de la vie et de l'espoir.

Prenons le célèbre tableau d'Eugène Delacroix (1798-1863) intitulé Le 28 juillet 1830 : la Liberté guidant le peuple. On ne compte plus ses reproductions recadrées, décolorées sur la couverture de nos livres d'histoire. Cette toile qui vibre encore du sang des barricades, qui ploie sous les corps sacrifiés au nom d'un combat sacré, est devenue icône.

PUISSANCE ET VITALITÉ

Regardons de nouveau ce tableau. Une foule en armes, d'un même élan, emboîte le pas d'une jeune femme altière qui tient haut le drapeau bleu-blanc-rouge et franchit les premiers corps tombés sous la mitraille. A sa gauche, un Gavroche enthousiaste brandit deux pistolets. A sa droite, un jeune homme en haut-de-forme, qui pourrait être le républicain Etienne Arago, tient à deux mains son fusil et fixe intensément la ligne ennemie. Au loin, les quais de la Seine et les tours de Notre-Dame de Paris.

S'il s'agit d'un tableau d'histoire française, retenons qu'il retrace l'atmosphère des Trois Glorieuses de 1830. Une révolution-éclair qui signa la victoire du drapeau tricolore sur le drapeau blanc royal et celle "de la bourgeoisie voltairienne sur la noblesse cléricale", selon l'expression de l'historien Jean Tulard.

S'il s'agit d'un tableau de maître - et c'en est un -, on revient à la toile et à ce puissant halo de lumière (un ciel de poudre blanche qui embrase Paris) sur lequel se détache la jeune femme dont le profil vaut déjà médaille. Dépoitraillée sans ostentation, son énergie s'accorde au tableau, qui dégage puissance et vitalité.

Ces seins-là firent-ils scandale ? Comment le prude XIXe siècle réagit-il ? De manière très sensée. Heinrich Heine (1797-1856), poète et journaliste allemand, relève essentiellement dans La Gazette d'Augsbourg l'intrépidité de cette héroïne, figure allégorique : "Elle porte sur la tête le bonnet phrygien, le bonnet rouge, un fusil dans la main et un étendard tricolore de l'autre. Elle passe sur les cadavres, elle excite au combat. Nue jusqu'à la ceinture, c'est un beau corps aux mouvements impétueux." Charles Baudelaire (1821-1867), amateur inconditionnel du peintre, assure : "... M. Delacroix me paraît être l'artiste le mieux doué pour exprimer la femme moderne, surtout la femme moderne dans sa manifestation héroïque, dans le sens infernal ou divin."

Bref, nul ne s'offusqua de ce torse féminin mis à nu, et le nouveau roi Louis-Philippe déboursa 3 000 francs pour accrocher ce tableau au palais du Luxembourg.

Depuis bien longtemps, l'il occidental avait apprivoisé la chair et la féminité. On garde en mémoire La Vierge et l'Enfant de Jean Fouquet (1420-1477), incarnant la pureté avec son sein dévoilé, épuré, quasi cubiste. Comme on conserve le souvenir du tableau, exécuté vers 1594, représentant la duchesse de Villars et sa sur Gabrielle d'Estrée, maîtresse d'Henri IV, toutes deux nues dans une baignoire. La première pince ostensiblement l'un des mamelons de la seconde pour signifier à tous que sa sur est enceinte du roi...

LA SCÈNE DE LA LIBERTÉ

D'un sein l'autre, d'un siècle l'autre, on évolue parfois à reculons. Les Etats-Unis s'affolent à la vue d'un sein noir étoilé à peine entrevu et s'arrangent d'une presse érotico-porno florissante. La représentation vulgaire entraîne ainsi une tolérance torve, tandis qu'une exposition piquante provoque colère et châtiment. Le dévoilement agresserait-il davantage sur écran que sur papier ? Les dieux seraient-ils susceptibles d'être offensés par leur créature ?

L'Amérique profonde se révèle ainsi périodiquement prude. Comme certaines de ces jeunes filles de France qui, par souci de pudeur, se protègent des regards en portant le voile islamique. Pour disparaître de la scène du désir et de la liberté. Pour s'effacer. Au risque d'attirer les regards.

Laurent Greilsamer

ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU 10.02.04